Sélection de livres

L’information est la clé pour décrypter les mécanismes qui façonnent nos sociétés. Que ce soit à travers des enquêtes approfondies, des essais percutants ou des analyses éclairantes, certains ouvrages permettent de mieux saisir la complexité du monde qui nous entoure. Nous avons sélectionné pour vous des lectures incontournables qui apportent un regard essentiel sur des dynamiques souvent méconnues mais cruciales.

Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de finitude, de Arnaud Orain, Flammarion

L'utopie néolibérale d'une croissance globale et continue des richesses est désormais derrière nous. Mais le capitalisme n'est pas mort pour autant. Sa forme actuelle n'est ni réellement nouvelle ni totalement inconnue, car elle est propre à tous les âges où domine le sentiment angoissant d'un monde " fini ", borné et limité, qu'il faut s'accaparer dans la précipitation. Ce capitalisme se caractérise par la privatisation et la militarisation des mers, un " commerce " monopolistique et rentier qui s'exerce au sein d'empires territoriaux, l'appropriation des espaces physiques et cybers par de gigantesques compagnies privées aux prérogatives souveraines, qui dictent leurs rythmes.

Le Miroir, Retour dans les banlieues françaises, de Luc Bronner, Seuil

Que sont devenues les banlieues françaises ? Quinze ans après La Loi du ghetto, Luc Bronner raconte la place prise par la drogue et les narcotrafiquants qui a transformé des quartiers entiers, emportés par la promesse de l’argent facile et meurtris par la violence. En donnant la parole à des éducateurs, policiers, maires ou militants asso­ciatifs, l’auteur fait le bilan d’un gâchis terrible et d’une défaite culturelle des modérés et des partisans du com­promis. Depuis les émeutes de l’automne 2005 jusqu'à celles de l’été 2023 après la mort de Nahel à Nanterre, la France n’a en fait jamais réussi à déboucler la spirale sans fin des violences, voire l’a alimentée à coups de lois toujours plus répressives et de prisons remplies, sans que jamais, en réalité, cela ne soit efficace.

Le nœud démocratique. Aux origines de la crise néolibérale, de Marcel Gauchet, NRF Gallimard

Le désenchantement du monde n’avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l’on n’attendait pas.
L’étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l’opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XXᵉ siècle. Celle-ci avait pour moteur l’aspiration à détruire la démocratie dite « bourgeoise » pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l’inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n’en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples.
Cette « crise de la réussite », comme il y eut un « vertige du succès » stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l’effacement complet de l’empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au nœud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire « néolibérale », dans un sens qui va bien au-delà de l’économie, même si elle consacre le règne de l’économie, puisqu’elle concerne tous les domaines de l’existence collective et en propose même un modèle global.

Braqueur, mercenaire, aventurier: De l OAS au grand banditisme, de Jean-Louis Rizza et Frédéric Ploquin, Nouveau Monde Editions

Maison de correction à 13 ans, premiers vols à 15, braquages dans le sud de la France à 17, puis les « paras »… Plusieurs centaines de casses plus tard, Jean-Louis Rizza a décidé de tout raconter.
Une vie sur le fil qui dévoile les coulisses de nombres d’affaires marquantes de la seconde moitié du XXe siècle.

The Trading Game, de Gary Stevenson, Penguin

Depuis son enfance, jouant des ballons de football cassés dans les rues de l'est de Londres, à l'ombre des gratte-ciel de Canary Wharf, Gary rêvait de mieux. De beaucoup plus grand.

Il a alors remporté un concours organisé par une banque : « Le Jeu du Trading ». Le prix : un ticket d'or pour une nouvelle vie, celui du plus jeune trader de toute la ville. Un endroit où gagner plus d'argent que vous ne l'auriez jamais imaginé. Où vos collègues sont des génies des mathématiques dysfonctionnels, des élèves d'écoles publiques suralimentés et des psychopathes limites, mais commencent à vous sentir comme une famille. Où vous devenez bientôt le trader le plus rentable de la banque, négociant près de mille milliards de dollars par jour. Où vous rêvez de chiffres dans votre sommeil, puis cessez complètement de dormir.

Mais que se passe-t-il lorsque gagner prend le sens de perdre ? Lorsque le moyen le plus simple de gagner de l'argent est de parier sur des millions de personnes devenant de plus en plus pauvres – et que, tandis que l'économie s'enfonce, votre propre santé mentale commence à décliner avec elle ? Vous voulez arrêter, mais vous ne pouvez pas. Parce que personne ne part jamais.